Le cowboy dans les westerns
un mémoire écrit par El Lobo
Troisième Partie
LE COW-BOY AU CINÉMA
II. ÉTUDES DE FILMS
C/ Chisum, Les Cowboys 1972 & Les Implacables
Bien que Chisum s’inspire d’anecdotes historiques
bien précises (Billy the Kid et la bataille du Lincoln County), aucun des deux
films ne prétend à un réalisme historique quelconque. Les Cowboys sont une
aimable variation sur le thème traditionnel du transport de vaches, mais ici les
cowboys sont remplacés par des enfants. Tous les hommes valides partis à la
recherche d’or, Wayne va recruter quatorze gamins à l’école locale. Le film
évidemment ne cherche pas à faire une étude approfondie du problème des
éleveurs en 1880. Il n’en reste pas moins une agréable fantaisie où l’on
retrouve tous les poncifs traditionnels des transports de troupeau : passage
de rivière, stampede, attaque de brigands, etc., mais ici les rudes cowboys ne
sont que des gamins qui ont peine à mettre la lourde selle sur leurs montures,
et qui se mettent à pleurer lorsque le “boss” est trop sévère. Cela nous vaut
quelques scènes savoureuses, jouées très justement par un “Duke” vieillissant
qui a su ici se parodier avec humour. L’éternel conflit entre le meneur de
groupe dur et autoritaire mais qui sait prendre les hommes -c’est-à-dire le rôle
interprété par Wayne durant une quarantaine d’années - se retrouve ici avec
quelques variantes amusantes. On y voit un Wayne balourd et décontenancé devant
les pleurs du “cowboy” de douze ans qu’il vient de sermonner sèchement, et
essayant d’arrêter ses pleurs avec une tendresse bourrue, ou bien reprenant
l’attitude intransigeante du Dunson de Red River pour provoquer l’un des
gamins qui cesse alors de bégayer sous l’effet de la colère.
Evidemment une grosse partie de la critique tira sur Les
Cowboys à boulets rouges, ne serait-ce d’ailleurs que parce que Wayne est au
générique. De toute façon, l’épithète de “réactionnaire” agité par les critiques
dés qu’il s’agit de Wayne s’applique assez difficilement au film de Mark Rydell,
libéral notoire. Condamner le film en bloc parce que les méchants portent des
cheveux longs serait faire preuve de prises de positions aussi simplistes que
les idées politiques que l'on prête à Wayne. La mort de son personnage fut même
à l’origine de nombreuses controverses. Rappelons cependant que ce n’est pas du
tout la première fois que Wayne meurt dans un film : il le fit déjà dans Reap
the Wild Wind, 1942, de C. B de Mille, The fighting Seabees, 1943,
Eduard Ludwig, Wakes of the Red Witch, 1948 d’E. Ludwig, Sand of Iwo
Jinna d’Ahlan Dwan, 1949, The Alamo de J. Wayne, 1960 et The Man
who shot Liberty Valance, 1962, de John Ford.
Raoul Walsh lui aussi a traité le sujet des grands
transports de troupeaux dans son film The
tall
men (Les Implacables, 1955)
avec Clark Gable. Considéré par certains comme un intéressant remake de Red
River, le film ne tient cependant pas ses promesses en dépit d'un casting de
qualité : Clark Gable, Robert Ryan, Jane Russell. Entaché des poncifs de la
série B, l'ensemble sort difficilement d'une honnête convention.
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